Traduction en français, par l'équipe d'OrphAnalytics, de l'article Le prove sono nella letteratura: "Elena Ferrante è Starnone" de Raffaela de Santis, Repubblica, 9 septembre 2017.

Des chercheurs internationaux ont comparé la langue de la mystérieuse écrivaine avec celles de 150 romans, révélant des ressemblances frappantes avec cette auteure.

À ce stade, Elena Ferrante pourrait décider d’avouer enfin sa véritable identité. La mystérieuse écrivaine, la plus aimée et la plus lue, fait à nouveau l’objet d’une enquête pour découvrir qui elle est. Cette fois cependant, personne n'est allé voir le patrimoine d’Anita Raja ou de Domenico Starnone, les deux principaux suspects évoqués. Afin de rassembler les meilleures volontés pour enquêter sur qui se cache derrière ce pseudonyme, un groupe de professeurs d'université du monde entier s’est réuni hier à l'Université de Padoue dans l’atelier "Drawing Elena Ferrante's profile". Déterminer le profil d’Elena Ferrante" pour discuter des résultats de leur travail de recherche. A la fin de cette réunion organisée dans le cadre de l'école d'été d’analyse quantitative des données textuelles, un seul nom a été désigné par tous les participants: Domenico Starnone.

"Les résultats ne laissent pas place au doute, derrière Elena Ferrante se cache la plume de Domenico Starnone" dit le linguiste Michele Cortelazzo, promoteur avec la statisticienne Arjuna Tuzzi de l'enquête collective qui a comparé 150 romans de 40 auteurs contemporains par la méthode d'analyse quantitative d'éléments lexicaux et stylistiques récurrents. A l'intérieur de cette base de données de suspects, les auteurs les plus nombreux sont napolitains et campaniens (de Starnone à Francesco Piccolo, de Fabrizia Ramondino à Erri De Luca, de Giuseppe Montesano à Michele Prisco), d’autres sont auteurs de bestsellers (y compris Gianrico Carofiglio, Paolo Giordano, Susanna Tamaro Giorgio Faletti et Alessandro Baricco) et il y a de nombreuses femmes, insoupçonnées jusqu’à présent, comme Michela Murgia ou Melania Mazzucco. On y trouve même Nicola Lagioia qui a remporté le prix Strega 2015 contre Ferrante.

Les chercheurs ont comparé les textes pour comprendre lesquels se rapprochent le plus de ceux de l'auteure de l’Amica geniale, l’Amie prodigieuse. Cortelazzo et Tuzzi ont choisi la technique de "distant reading, lecture à distance", à savoir la méthode d'analyse des textes "à distance", par l'analyse automatique de l'ordinateur des données pertinentes abondantes. Cette analyse quantitative a ensuite abouti à une étude qualitative des résultats. À leur tour, d'autres chercheurs internationaux de différentes disciplines (deux universitaires littéraires polonais, Jan Rybicki et Maciej Eder, un linguiste grec, George Mikros, un pédagogue qui développe des logiciels d’analyse des textes, le français Pierre Ratinaud , deux informaticiens, le suisse Jacques Savoy et l’américain Patrick Juola) ont étudié ces œuvres avec d'autres méthodes, de l'analyse des correspondances stylistiques et lexicales à la stylométrie (une procédure d'analyse qui mesure les similitudes stylistiques entre les textes), aux techniques de profilage, les mêmes que celles utilisées par les enquêteurs dans Criminal Minds pour découvrir le tueur.

Les chercheurs ont montré des graphiques et des tableaux, de nombreux exemples, des méthodes pointues, et présenté les preuves scientifiques de l'identification Starnone-Ferrante. Rybicki, Savoy et Tuzzi ont extrait de ce corpus de romans une liste de mots utilisés exclusivement par Ferrante et Starnone. Dans cette liste il y a des termes inhabituels, des lemmes à forte identité, des napolitanismes comme "Cantaro" et "Mamozio" (deux expressions utilisées pour offenser), et d'autres comme "risatella", "ruscellare", "smanacciato", "spetazzare". Starnone et Ferrante seraient également unis par l'utilisation d’expressions très particulières "collo filettato", "tottò sulle manine", "sguardo valutativo" ou "di scempio e di sangue." D'autres, comme "foglio di compensato" ou "a una passo dalla scuola elementare ", semblent plus communs pour enflammer l’enthousiasme. En outre, il y a beaucoup de mots particuliers qui se répètent chez les deux auteurs, tels que "chiavare", "fiaccamente", "sfottente".

Cependant, la recherche a ignoré les écrits d’Anita Raja, femme de Starnone et traductrice de l’allemand des textes de Christa Wolf pour l'éditeur e/o, la même entreprise qui publie Elena Ferrante. Pourquoi cette omission? Pourquoi mettre de côté Raja, qui, dans l’enquête controversée du journaliste Claudio Gatti du Sole 24 Ore, avait été reconnue comme la "bénéficiaire du succès commercial des livres Ferrante" ?

Cortelazzo explique que le problème est d'ordre méthodologique: "En général, les caractéristiques individuelles des traducteurs sont presque toujours dominées par les caractéristiques de l'auteur traduit et ont donc du mal à émerger. Le traducteur a tendance à se cacher, à dissimuler son style." Rybicki l’a prouvé en partie en ajoutant des traductions de Raja au corpus, mais seules de faibles traces de similitudes ont émergé entre l'auteure de l’Amie prodigieuse et la traductrice. Pourtant, Rebecca R. Falkoff, professeure au Département d'études italiennes à l'Université de New York, qui a consacré des recherches et des articles à Elena Ferrante, ne pense pas ainsi : "Je suis convaincu que dans le travail d'Anita Raja résonne fortement Elena Ferrante, en particulier dans les traductions de Christa Wolf et d’Ingeborg Bachmann, mais aussi dans les diverses postfaces et articles." Pour Falkoff, les concordances sont nombreuses, thématiques et stylistiques, en tenant compte du fait que Riflessioni de Christa T. di Wolf est l'histoire d'une femme qui devient une écrivaine en mettant ensemble les traces d'une amitié perdue. Exactement comme Elena et Lila dans l’Amie prodigieuse.

La prochaine étape de l'équipe de Padoue menée par Cortelazzo et Tuzzi, comparera la langue l’Elena Ferrante dans les écrits non narratifs, comme ceux collectés dans Frantumaglia, avec celle de l'essayiste Anjta Raja. Parmi les hypothèses qui circulent depuis un certain temps, une propose que Starnone et Raja travaillent ensemble: "Je pense que nous devons à Starnone l’édition finale des livres", dit Cortelazzo. Bien sûr, le nom Ferrante est devenu une marque de made in Italy littéraire à l'étranger. Il ne sera pas facile d’y renoncer.

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Article original

Le prove sono nella letteratura: "Elena Ferrante è Starnone"

Una ricerca internazionale ha messo a confronto la lingua della scrittrice misteriosa con 150 romanzi, svelando singolari somiglianze con l’autore

Di RAFFAELLA DE SANTIS

Repubblica, 09 settembre 2017

A questo punto Elena Ferrante potrebbe decidere di confessare la sua vera identità per sfinimento. La scrittrice misteriosa più amata e più venduta all'estero è stata di nuovo oggetto di una ricerca volta a scoprire chi è. Stavolta, però, nessuno è andato a frugare nella situazione patrimoniale di Anita Raja o in quella di Domenico Starnone, i due principali indiziati. A mettersi di buona lena a indagare su chi si nasconderebbe dietro lo pseudonimo è un gruppo di professori universitari provenienti da tutto il mondo, che ieri si sono incontrati all'università di Padova nel workshop "Drawing Elena Ferrante's profile" per discutere insieme i risultati del loro lavoro di ricerca. Alla fine del summit, organizzato nell'ambito della scuola estiva Quantitative Analysis of Textual Data, è solo uno il nome su cui tutti hanno puntato: Domenico Starnone.

"I risultati non lasciano spazio a dubbi, in Elena Ferrante c'è la mano Domenico Starnone", dice il linguista Michele Cortelazzo, promotore insieme alla statistica Arjuna Tuzzi di quest'opera investigativa collettiva basata sulla comparazione di 150 romanzi e 40 autori contemporanei attraverso il metodo dell'analisi quantitativa degli elementi lessicali e stilistici ricorrenti. Dentro il loro database di indiziati sono finiti molti autori napoletani e campani (da Starnone a Francesco Piccolo, da Fabrizia Ramondino a Erri De Luca, da Giuseppe Montesano a Michele Prisco), oltre a bestselleristi (tra cui Gianrico Carofiglio, Paolo Giordano, Susanna Tamaro, Giorgio Faletti e Alessandro Baricco) e molte donne finora insospettabili come Michela Murgia o Melania Mazzucco. C'è perfino Nicola Lagioia, che contro Ferrante portò a casa il premio Strega 2015.

Gli studiosi hanno comparato i testi per capire quali si avvicinassero di più a quelli dell'autrice dell'Amica geniale. Cortelazzo e Tuzzi hanno scelto la tecnica del "distant reading", cioè la metodologia di analisi dei testi "da lontano", attraverso rilevanti quantità di dati provenienti da analisi automatiche al computer. A questa analisi quantitativa hanno poi fatto succedere uno studio qualitativo dei risultati. A loro volta gli altri studiosi internazionali, provenienti da aree disciplinari diverse (due studiosi polacchi di letteratura, Jan Rybicki e Maciej Eder, un linguista, il greco George Mikros, un pedagogista che sviluppa software per l'analisi dei testi, il francese Pierre Ratinaud, due informatici, lo svizzero Jacques Savoy e l'americano Patrick Juola) hanno studiato le opere con altre metodologie, dall'analisi delle corrispondenze stilistiche e lessicali alla stilometria (una procedura analitica che "misura" le somiglianze stilistiche tra testi) alle tecniche di profiling, le stesse che in Criminal Minds usano gli investigatori per scoprire l'assassino.

Gli studiosi hanno mostrato grafici e tabelle, enumerato esempi, snocciolato metodologie e messo sul piatto le prove scientifiche dell'assimilazione Starnone-Ferrante. Rybicki, Savoy e Tuzzi hanno estratto dal corpus dei numerosi romanzi presi in esame un elenco di parole usate esclusivamente da Ferrante e Starnone. Nella lista ci sono termini non così consueti, lemmi dall'identità forte, napoletanismi come "càntaro" e "mamozio" (due improperi usati per offendere) e altri come "risatella", "ruscellare", "smanacciato", "spetazzare". Ad unire Starnone a Ferrante ci sarebbe anche l'uso di sequenze molto particolari, tra cui "collo filettato", "tottò sulle manine", "sguardo valutativo" o "di scempio e di sangue". Altre come "foglio di compensato" o "a una passo dalla scuola elementare" sembrano più comuni per accendere entusiasmi attributivi. Inoltre ci sono molte parole particolari che ricorrono in entrambi, come "chiavare", "fiaccamente", "sfottente".

Lo studio però, va detto, ha trascurato gli scritti di Anita Raja, moglie di Starnone e traduttrice dal tedesco di Christa Wolf per la casa editrice e/o, la stessa che pubblica Elena Ferrante. Perché questa omissione? Perché tenere fuori proprio Raja, che in una una discussa inchiesta del Sole 24 Ore a firma del giornalista Claudio Gatti era stata indicata come "beneficiaria del successo commerciale dei libri di Ferrante"?

Cortelazzo spiega che il problema è metodologico: "In genere le caratteristiche individuali dei traduttori sono quasi sempre sovrastate dalle caratteristiche dell'autore tradotto e fanno fatica ad emergere. Il traduttore tende a nascondersi, ad occultare il suo stile". Ci ha provato in parte Rybicki, inserendo nel corpus le traduzioni di Raja, ma sono emerse solo deboli tracce di somiglianza tra l'autrice dell'Amica geniale e la traduttrice. Eppure Rebecca R. Falkoff, docente al dipartimento di italianistica della New York University, che a Elena Ferrante ha dedicato studi e articoli, non la pensa così: "Sono convinta che nel lavoro di Anita Raja risuoni con forza quello di Elena Ferrante, soprattutto nelle traduzioni di Christa Wolf e Ingeborg Bachmann, ma anche in varie postfazioni e articoli". Per Falkoff le consonanze sono molte, tematiche e stilistiche, a partire dal fatto che Riflessioni su Christa T. di Wolf è la storia di una donna che diventa una scrittrice mettendo insieme le tracce di un'amicizia perduta. Esattamente come Elena e Lila nell'Amica geniale.

Il prossimo passo del team padovano, guidato da Cortelazzo e Tuzzi, a quanto pare sarà confrontare il linguaggio di Elena Ferrante negli scritti non narrativi, come quelli raccolti nella Frantumaglia, con quello di Anjta Raja saggista. Tra le ipotesi che circolano da un po' è che Starnone e Raja lavorino insieme: "Credo che a Starnone si debba l'editing finale dei libri", dice Cortelazzo. Di certo, il nome Ferrante è diventato un marchio del made in Italy letterario all'estero. Rinunciarci non deve essere facile.

http://napoli.repubblica.it/cronaca/2017/09/09/news...

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